L’urgence de préservation de la biodiversité marine
Après plus de 45 ans d’existence, la Réserve Marine de Cerbère-Banyuls s’est faite connaître et reconnaître tant au niveau national qu’international. Distinguée par de nombres titres (liste verte internationale de l’UICN, prix Glores, Aire Spécialement Protégée d’Importance Méditerranéenne), elle fait figure d’exemple en matière d’efficience et de bénéfices générés en faveur de la protection des écosystèmes marins et littoraux ainsi que du développement durable des activités.
Son statut d’espace marin protégé à taille humaine a en effet permis de valider une méthodologie de gestion de l’environnement. Les efforts consentis au fil des années ont permis de faire de ce site un laboratoire à ciel ouvert pour les scientifiques, mais également un espace où les différentes activités cohabitent dans le respect de l’environnement. En outre, le Parc naturel marin du golfe du Lion, dans lequel se situe la Réserve Marine, porte une dynamique propre en faveur du développement de Zones de Protection Forte – objectif de son plan de gestion et du document stratégique de façade.
Ainsi, c’est au regard de ces dynamiques et des ambitions affichées au niveau national, que le Département, gestionnaire du site, puis le Conseil de Gestion du Parc, eu égard à sa géographie et ses objectifs, ont respectivement délibéré en faveur d’une réflexion sur l’extension du périmètre de la Réserve Marine de Cerbère-Banyuls, assortie d’une large démarche de concertation.
En effet, dans le contexte actuel de crise écologique et de prise de conscience citoyenne, l’heure est à l’action et à la responsabilité. Les politiques publiques se mettent en ordre de marche pour répondre à l’urgence de préservation de la biodiversité marine, comme en témoigne la stratégie nationale pour les Aires Protégées qui prévoit de passer d’ici 2027 de 0,2 % d’aires marines sous protection forte dans la Méditerranée à 5 % d’ici 2027 (multiplication par 25).
Ainsi, ce projet d’extension, fédérateur et tourné vers l’avenir, sera placé sous le signe de la concertation, en associant de façon étroite les acteurs et usagers de la mer afin d’échanger, recueillir les avis, les propositions et construire ce projet collectivement. La réflexion sur l’extension du périmètre sera ainsi menée à l’échelle de l’ensemble de la côte rocheuse pour veiller à la meilleure prise en compte possible des activités présentes et préserver sa cohérence biogéographique. Cette démarche de concertation permettra ainsi de dégager, avec l’apport de scientifiques, des choix de gestion permettant de veiller à la bonne articulation entre le nouveau périmètre de la Réserve Marine et les enjeux présents sur le reste de la côte tout en répondant au défi de la préservation des milieux marins.
Calendrier de la démarche de concertation
Menée de façon étroite avec les services de l’État et avec la participation des partenaires institutionnels engagés dans ce projet, cette démarche de concertation préalable à la procédure d’extension, identique à une procédure de création, se décline en plusieurs étapes.
- L’organisation d’une réunion de lancement à l’attention des principaux acteurs, têtes de réseau et usagers de la mer qui sera co-présidée par le Département et les services de l’État.
- L’animation d’ateliers de concertation, en présence de scientifiques, qui auront pour vocation d’échanger avec les différentes parties prenantes sur leurs observations et attentes vis-à-vis du projet ainsi que sur les propositions de scenarii en matière de gestion (périmètres et réglementations).
- La mise en ligne d’une plateforme collaborative de débat en ligne et d’actions à destination de la population, dans un objectif de transparence de l’information et dans la volonté de recueillir les contributions de toutes et de tous.
- L’organisation d’une réunion de restitution afin de partager et rendre compte aux usagers du travail mené lors des ateliers et présenter le scénario retenu en termes de périmètre.s et de réglementation.s associée.s.
A l’issue de cette concertation préalable, le projet d’extension du périmètre se poursuivra à travers une procédure menée par les Services de l’État, aboutissant au terme de celle-ci, à la prise d’un décret de classement par le Ministre de la Transition Écologique.
Pourquoi agir en faveur de la protection de la mer Méditerranée ?
Le constat est inquiétant : la mer Méditerranée est une mer fermée dont le renouvellement nécessite environ un siècle. Son isolement ancien a généré un endémisme important présent aussi bien au niveau des écosystèmes, comme les herbiers de posidonies ou le coralligène, qu’au niveau des espèces. L’augmentation des températures sur le siècle passé dépasse de 20 % l’élévation moyenne de celle de la planète, soit 1.5 °C depuis la révolution industrielle.
L’Union Internationale pour la Conservation de la Nature estime en outre que 229 000 tonnes de déchets plastiques sont déversées chaque année dans la mer Méditerranée. À certains endroits, on récolte plus de microparticules de plastique que de plancton. Les populations de seulement 5 espèces de poissons sont évaluées dans le Golfe du Lion et, à l’exception du thon rouge qui a fait l’objet de quota stricts, tous les stocks sont en mauvais état.
Cette vulnérabilité est pourtant compensée par une extraordinaire capacité de restauration des écosystèmes et des espèces dès lors que l’on réduit ou que l’on supprime certaines pressions.
Le rôle des aires marines protégées est donc fondamental pour retrouver des écosystèmes en bonne santé et leur permettre de s’adapter et d’amortir les changements globaux à venir.