Réserve cogérée par la fédération des réserves naturelles catalanes
Descriptif
- Localisation : 42° 26′ 21″ N , 2° 7′ 25″ E
- Date de création : 18 mars 1993
- Superficie : 1 177,31 ha
- Altitude : 1650 m à 2850 m
- Commune : Eyne
- Organismes gestionnaires : Commune d’Eyne et Fédération des Réserves Naturelles Catalanes
Situation
Cette vallée s’insère profondément dans la partie nord du chaînon Cambre d’Aze-Puigmal, frontalier avec l’Espagne, séparé du reste de la chaîne pyrénéenne par la plaine de Cerdagne et la vallée de la Têt.
Le patrimoine biologique reconnu dans la vallée d’Eyne résulte d’une évolution interactive, depuis 6000 ans avant J.C, entre activité humaine, notamment le pastoralisme, et milieu naturel. Les pelouses subalpines ont été façonnées au fil des millénaires afin de disposer d’une ressource fourragère supplémentaire importante pendant la saison estivale permettant ainsi de valoriser les surfaces cultivables autour du village. Cette pression a contribué au développement des plantes à fleurs dont la grande diversité trouve ses origines dans les variations locales du substrat géologique, d’ensoleillement , d’altitude et de climat que subit la vallée. Elle se trouve en effet au carrefour d’influences méditerranéennes, continentales et océaniques, permettant l’épanouissement d’une biodiversité très variée.
enjeux écologiques
Les pelouses d’altitude, crêtes et pentes rocheuses (65% de recouvrement de la réserve naturelle)
Les pelouses montagnardes, subalpines et alpines sur substrats acide et calcaire sont les milieux les plus représentés dans la réserve (53%) avec les milieux rocheux (27%). Souvent le passage d’un étage à l’autre se fait de manière progressive, ce qui engendre dans les pelouses de nombreux stades intermédiaires, tant du point de vue de la composition que dans le recouvrement avec d’autres formations. La mixité entre formations calcicoles et acidophiles est intriquée dans la vallée d’Eyne, grâce à une géologie complexe, qui bien qu’en majorité d’origine métamorphique siliceuse (gneiss et schistes), se retrouve infiltrée par de nombreux filons et affleurements calcaires reflet d’un diversité pédologique importante. On retrouve également ce phénomène dans les éboulis et falaises qui peuvent être siliceux, calcaire ou calco-siliceux !
A 1700 m, la seule pelouse de fourrage de montagne ( Code N2000 6520-2), ancienne prairie de fauche, de 1 ha dite « du Prat d’en Sicardo » a donné son nom au sentier d’interprétation de la réserve naturelle. A partir de 2000m, les pelouses calcicoles couvrant 10 ha comme celles du Primulion intricatae ( code N2000 6170 ) sont une spécificité est-pyrénéenne. Et au-delà de 2300 m , les vastes pelouses acidophiles à nard raide ( habitats d’intérêt prioritaire au niveau européen code N2000 6230-15*) offrent plus de 100 ha d’estive productive dans la vallée où toute la spécificité et diversité floristique et faunistique s’expriment.
La dauphinelle des montagnes (Delphinum montanum) dans les pelouses et éboulis calcaires et le persil des isards (Xatardia scabra) dans les éboulis mobiles schisteux du fond de vallée en sont un exemple de rareté mondiale car leur aire de répartition n’est présente que dans la partie orientale des Pyrénées (endémismes est-pyrénéens -lien fiches espèces floralab). Ces milieux abritent également des plantes protégées comme la gagée jaune (Gagea lutea subsp. reverchonii), plante dicrète à floraison printannière, mais intéressante, car se trouvant en limite sud de son aire de répartition, et pouvant être, à ce titre, impactée par des variations climatiques importantes.
La faune de ces milieux est aussi à enjeux. Il est ainsi possible de rencontrer des espèces que nous étudions tout particulièrement :
le rare damier de la succise pyrénéen (Euphidryas aurinia pyrenesdebilis), papillon de jour endémique des pyrénées, protégé nationalement. Ces chenilles mangent exclusivement de la gentiane alpine (Gentiana alpina) ce qui le rend vulnérable au surpâturage et au changement climatique. Une étude fédérale est en cours afin de protégé au mieux ce papillon.
le criquet du Val-d’Eyne (Pseudochorthippus parallelus erythropus) qui est le locus typicus de la vallée d’Eyne. En effet, celui-ci découvert dans notre réserve naturelle est un endémique sud-est pyrénéen et fait parti des orthoptères à enjeu pour la vallée. Il est à noter que les criquets sont étudiés en cortège, cette science se nomme la synusie orthoptèrique (Defaut, 2010).
l’oreillard montagnard (Plecotus macrobullaris), une chauve-souris spécialiste des montagnes, qui est inféodée aux éboulis pour « nicher » et qui chasse sur les pelouses de montagne. Insectivore, cette chauve souris très méconnue fait l’objet de nouvelles études pour apprendre d’avantage sa répartition géographique (très fragmenté actuellement), son régime alimentaire, ses lieux de reproduction… La réserve naturelle a pu grâce à des enregistreurs de fréquence supposé la présence de cette espèce en 2016 et la confirmer par une étude plus poussée en 2018.
Les zones humides et eaux courantes
Ces milieux étant fragiles, la réserve naturelle (RN) a un enjeu majeur pour leurs préservations. Parmi eux, les zones de bas-marais neutro-alcalins à Carex de Daval sont uniquement présents dans la vallée d’Eyne et celle de la Carança sur le site N2000 Massif Puigmal-Carança. Ces milieux composés d’une flore spécifique et vulnérable sont fragmentés dans la réserve. Afin de mieux les protégés, un suivi spécifique en lien avec les pratiques pastorales est mené. Celui-ci permet d’avoir une évaluation partagée (RN/ Groupement Pastoral) du milieu, et d’œuvrer main dans la main pour maintenir un bon état de conservation des zones humides.
Les espèces à enjeux de ces habitats sont :
Le botryche simple (Botrichium simplex), fougère primitive, relicte glaciaire, seule plante protégée au niveau européenne dans la réserve de part sa rareté en France (seulement une dizaine de localités dont trois dans les réserves naturelles catalanes) et en Europe qui ne mesure généralement pas plus de 5cm de hauteur !
Le nacré de la bistorte , papillon de jour protégé en France, qui pond uniquement sur la bistorte (Bistorta officinalis), une plante des zones humides.
Les micro-mammifères aquatiques, tel que le desman des Pyrénées (Galemys pyrenaicus), surnommé « rat trompette », qui n’est présent que dans les Pyrénées et le quart nord-ouest de la péninsule Ibérique.
réglementation
Créée par décret ministériel, la vallée d’Eyne, classée en réserve naturelle nationale, fait l’objet d’une réglementation commune aux réserves naturelles françaises ainsi que d’une réglementation spécifique adaptée au contexte local et aux impératifs de protection des habitats et des espèces présentes. Des panneaux aux entrées des réserves naturelles rappellent la réglementation et des gardes assermentés veillent au bon respect des règles.
Les chiens sont interdits dans la réserves naturelle de la Vallée d’Eyne.
Il est interdit de prélever: fleurs, fruits, insectes et fossiles. Rare ou commune, chaque espèce contribue à la biodiversité de la réserve. La cueillette des végétaux comestibles comme celle du « Coscoll » (Molopospernum peloponnesiacum) et du génépi (Artemisia umbelliformis gabriellae) sont interdites par le décret de création (aucun arrêté préfectoral ne prévoit à ce jour la réglementation de leur cueillette en RNN de la vallée d’Eyne).
Il est interdit de circuler en véhicule à moteur afin de préserver la faune, la flore et les promeneurs de la pollution, du bruit et de la détérioration du sol.
Il est interdit de faire du feu. Les foyers détruisent les sols et la moindre flamme peut dégénérer en incendie.
Il est interdit de jeter des déchets (y compris les restes alimentaires). Il polluent l’air, le sol et peuvent se transformer en pièges mortels pour la faune sauvage.
Il est interdit de camper mais le bivouac (du coucher au lever du soleil) est toléré autour des refuges et le long des sentiers balisés.
De plus, afin de respecter la tranquillité de la faune sauvage, nous vous demandons de rester sur les chemins et de limiter le hors-sentier.
Toutes les voies d’entrée de la réserve naturelle sont soumises à cette réglementation ( Cambre d’Ase, Col de Nuria, station de ski…)
milieux
A l’étage montagnard, la forêt de pins à crochets domine.
L’étage subalpin présente un fort contraste coloré avec des landes à genêts purgatifs en soulane (adret) et des rhododendrons à l’ombrée (ubac), laissant peu à peu la place aux pelouses concentrant une richesse floristique originale.
L’étage alpin, dominé par l’élément minéral (gneiss, schistes), accueille dans les éboulis et pierriers des espèces particulières et endémiques adaptées aux conditions extrêmes. On trouve également des pelouses rases abritant une flore caractéristique et spécialisée.
faune & flore
Plantes, Champignons et lichens
La « vallée des fleurs » ne porte pas son nom pour rien. Avec 892 espèces de fleurs, celle-ci représente une diversité exceptionnelle. On y retrouve ainsi :
De nombreuses espèces rares et protégées telles que l’adonis de Pyrénées (Adonis pyreneica) et le jonc des Pyrénées (Juncus balticus pyrenaeus).
Des espèces endémiques des Pyrénées-Orientales telles que la dauphinelle des montagnes (Delphinium montanium), le saxifrage intermédiaire (Saxifraga media) et le persil des isards (Xatardia scabra)
Des espèces dont la distribution globale est fragmentée et qui dans les Pyrénées présentent uniquement quelques populations très isolées comme l’astragale à feuilles pendantes (Astragalus penduliflorus)
Des espèces eurosibériennes ayant leur limite sud de distribution dans les Pyrénées comme la botriche simple (Botrichium simplex)
De plus, dans la vallée un large panel de mousses, champignons et lichens est présent, avec pas moins de 731 espèces.
Faune
La « vallée aux 1000 fleurs » est surtout la « vallée aux 2647 insectes » ! Grace à son incroyable diversité de milieux, de plantes, celle-ci est idéale pour les insectes, notamment les pollinisateurs ! Les papillons, bourdons, syrphes sont vites remarquables. La vallée abritent ainsi la concentration en bourdons la plus importante de France avec 33 espèces présentes sur 42.
Avec environ 3 000 espèces d’animaux non-humains dans la vallée, 215 d’entre eux ont un intérêt patrimonial. L’isard (Rupicapra pyrenaica) vie ainsi paisiblement dans cet espace protégé. D’autres n’y sont que de passage surgissant dans le ciel, tel que l’aigle royal (Aquila chrisaetos), nichant occasionnellement dans la vallée, ou encore les escadrilles de vautours fauves (Gyps fulvus). Une multitude d’autres espèces discrètes ou moins connues de vertébrés habitent la vallée, tels que les micromammifères, comme le campagnol des neiges (Chyominis nivalis) occupant les éboulis d’altitude, ou la musaraigne aquatique (Noemys fodiens) vivant dans les cours d’eau.
Bonnes pratiques
En Juillet-Aout, vous pouvez vous rendre directement au parking de la réserve naturelle où un agent vous attendra pour vous transmettre toutes les informations relatives au territoire.
La vallée d’Eyne est une randonnée de montagne, pensez à bien planifier votre itinéraire et n’hésitez pas à faire appel à un accompagnateur en montagne pour vous guider et vous raconter toute l’histoire de la vallée.
POur plus d’information sur la vallée d’Eyne :
Maison de la Vallée d’Eyne
3 Avenue de Cerdanya, 66800 Eyne
valleedeyne.wordpress.com
04 68 04 97 05
découvrir
la réserve
» Les fiches randonnées
La réserve naturelle nationale de la vallée d’Eyne a édité plusieurs guides de randonnées pour permettre aux visiteurs de découvrir le patrimoine naturel tout en restant sur des itinéraires balisés et entretenus.
Sentier Prat d’en Sicardo
Partez à la découverte de la basse vallée d’Eyne sur un sentier restauré et profitez de sa richesse botanique.
Circuit Cami de Nuria & Pic d’Eyne
Chemin emblématique de la Cerdagne, le Cami de Nuria vous emmène jusqu’à la frontière avec l’Espagne, au Col de Nuria. Observez les nombreuses fleurs et pollinisateurs de cette vallée.
» Le dépliant découverte
Découvrez les richesses naturelles de la réserve, les modalités de la sa gestion, ses atouts pédagogiques et sa réglementation.
l’actu
de la réserve
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